Sur l'île de Biggeh,
Hâpy abreuve d'eau le bosquet où niche l'âme-ba d'Osiris
(Illustration du temple de Philæ).
Ainsi ...
Ses formes généreuses comme nous l'avons constaté, "pratiquement" féminines d'ailleurs, nous rappellent bien ce qu'il fut.
"La nourrice du Pays"
Hâpy ne fut-il pas le père nourricier des netjerou(t) ? Cette foncton le lia d'ailleurs au Noum cet océan primordial que vous connaissez. "Pères et mères du Double Pays, des Dieux et des Hommes" : les déités venaient / revenaient avec lui car sans les dons de notre netjer, ils ne pouvaient vivre sur cette terre brûlante qu'était Kemet / Km.t / "la terre noire".
"Je suis celui qui répand l'eau pure et vivifiante sur le Double pays".
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Plan de cette thématique ...
Les Périodes Intermédiaires semblaient alors se succéder : des ères de chaos probablement ... Elles furent probablement le fait, entre autres, de cette méconnaissance des origines véritables du fleuve. Du reste, dans le cas contraire, s'ils avaient véritablement compris, je subodore qu’ils auraient essayé de pallier au manque de puissance des flots, de ses débordements excessifs aussi : notre inventivité, notre intelligence fut également les leurs, aussi ...
Alors, la crue ne proviendrait-elle pas d'une grotte souterraine proche de la première cataracte où régnaient trois divinités : Khnoum, et ses parèdres à savoir Sated et Anouket ? Nos anciens croyaient qu'ils étaient les gardiens de la source du Nil. Ainsi, afin de réveiller et de maintenir la force vitale d'Hâpy (L'incarnation de la crue constituant les réserves.), on y jetait des amulettes ainsi que des offrandes fortement variées du reste.
Le Nil, une divinité ?
Hâpy, le netjer du Nil ?
Il fut bien le symbole même de l'inondation perpétuellement renouvelée : il semble d'ailleurs apparaître autour de 2 500 B.C.E.
Le Grand Fleuve.
Iterou-aâ (itrw-aA).
Nile River,
Arabic Baḥr Al-Nīl,
Nahr Al-Nīl,
An-Nil oual hayat,
An Nil,
Itéru (jtrw), la Grande Rivière, le fleuve, ce cours d’eau inaltérable,
"Neilos" de par les grecs,
Na-eiore, le delta, je subodore une origine grecque (?)
"nwy", "l'eau",
"Le Nil", ce cours d’eau inaltérable.
Nilus en latin provenant certainement de "Na-éiore".
"L'Égypte est un don du Nil"
Hérodote comme vous savez.
L’Iteru fut bien l’image même de la vie.
Ainsi voyons-nous apparaître le fantasmagorique pays dénommé Ta netjer : "la Terre du Dieu" ! N'aurait-il pas été d'ailleurs soupçonné d'avoir pu être à l’origine du Nil et ce par nos anciens bien évidemment ?
Les "quatre orients" …
Le Nil est orienté selon un axe sud-nord délimitant en quelque sorte les quatre points cardinaux ou les "quatre orients". Pour les anciens égyptiens, il était le cœur même de cette civilisation, rythmant les années (oupèt renpèt / "Ouverture de l'Année"), mais pas seulement … D'ailleurs, au sein de la rive ouest, se trouvait Amentet, le netjer de l’occident, accueillant les défunts. Et comme vous savez, l’essentiel des hypogées de l'ancienne Thèbes se trouvent au niveau de la rive ouest de l'Iteru, et ce paradoxalement à Akhet-Aton, dont nous pouvons retrouver des dernières demeures sur la rive est.
Un réel mystère pour nos anciens Égyptiens.
Aussi ...
A leurs yeux ...
Ce phénomène ne devait et ne pouvait du reste qu'être de nature céleste. Cette manifestation charriait, en cette première saison du calendrier nilotique, "Akhet", le limon fertile contribuant ainsi à cette dénomination de "Terre noire" : opposition, peut-être, aux déserts à savoir "Deshret".
Akhet, hiéroglyphe.
Heliopolis.
La couleur noire du limon apporté par le fleuve est, comme beaucoup de chose au sein de cette civilisation, un élément très symbolique. Cette couleur fut certainement une allusion au monde se reconstituant ... Cette tonalité représentait ainsi en cette ère lointaine l'espoir : bien antagoniste au monde d'aujourd'hui représentant comme vous savez la rupture, le décès, la mort, ... Une relation avec le netjer de la résurrection, Osiris, comme avec certaines reines, ... : aussi souvenez-vous d'Anubis, il présidait la renaissance et était bien noir, d'Amon-Min avec la fécondité, ...
Souvenance ...
Du légendaire empereur Romain Néron ...
Il organisa une expédition afin d’en découvrir les origines : mais ce fut seulement au 19e siècle de notre ère qu’elle fut enfin découverte, grâce aux anglo-saxons.
Ainsi donc ...
Qu'elles auraient pu être les explications de l'origine du Nil quant à nos anciens ?
- Un phénomène tellement grandissime à leurs yeux,
- ...
- Au cycle particulièrement régulier et même prévisible, le Nil comme nous savons aujourd'hui prend sa source (Ses sources) dans une région dite des grands lacs, au coeur bien évidemment du continent Africain : quand deux Nil se rencontrent, le Nil Bleu (Nahr-el-Azrak) et le Blanc (Nahr-el-Abiad).
Les crues ?
Pour nos anciens, elles étaient prévisibles grace à l'apparition de cette étoile dénommée Sepedet (faisant suite à 70 jours d’invisibilité !). Des élévations de niveau qui ont eu un rôle imminent politique comme divin du reste puisque seul pharaon en était responsable et ce, certainement, dans l'esprit Kémite.
- Crue insuffisante ?
- Crue destructrice : et ce en raison du très faible dénivelé existant entre Assouan et la mer. (83 m pour un parcours de 1 200 km, faisant de ce fait une pente à 0,07 %).
- Crue procurant le salut,
- Crue salvatrice,
- ...
Aussi, le "demi-netjer" que devait être pharaon risquait bien une diminution de son prestige lorsque la faiblesse du fleuve se renouvelait et ce d'années en années. Cela pouvait parfaitement mener à la révolte, faisant suite à une famine par exemple, ...
Ainsi ...
Selon certains écrits ...
Au sein même de la Bible ...
Demeuraient des "genres" de cycles d’alternances.
- 7 années mauvaises : de vaches maigres, des "années de banc de sable", c'est-à-dire la fameuse sécheresse.
- 7 de bonnes années : de vaches grasses.
Ainsi souvenez-vous du pharaon se lamentant, visible au sein de la famine (Elle a été gravée en 187 B.C.E (*) , sous le règne de Ptolémée V, sur un rocher de l'île de Sehel, à proximité d'Éléphantine.) :
(*) : et ce afin de placer les discussions scientifiques hors de l'aspect religieux que pourrait éventuellement évoquer les termes comme "ère chrétienne", "..."
"Mon cœur était dans une très grande peine,
car
le Nil n'était pas venu à temps pendant une durée de sept ans.
Le grain était peu abondant,
les graines étaient desséchées,
tout ce qu'on avait à manger était en maigre quantité
[...].
On en venait à ne plus pouvoir marcher.
Les temples étaient fermés,
les sanctuaires étaient sous la poussière.
[...]
Tout ce qui existe était dans l'affliction."
Pour pallier à cet "eldorado" malgré tout bien aléatoire, et afin d'avoir finalement une lecture quant à l'avenir, apparurent les premiers pluviomètres. Nonobstant, ils furent tardivement érigés.
Les nilomètres.
Comme vous savez, ils furent des puits en escalier.
Evidemment ils étaient bien riverains du Nil et composés de sortes de "marquages", d'échelles si vous préférez, ... Ils servaient à mesurer le niveau de la montée des eaux quant à cette fameuse crue du fleuve ! Plus le niveau d’eau atteint pouvait être élevé et plus de limon serait déposé. Quant aux récoltes, plus elles pourraient être abondantes.
Et ainsi l’empire pouvait-il prospérer.
Un merveilleux cadeau,
cette vie qui s’écoule autour du pharaon.
Bas-relief à Kom Ombo.
Source / © lien
Une véritable déclinaison de couleurs quant à l’Iteru …
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Plan de cette thématique ...
Arrivait alors la montée des eaux, nous sommes bien au sein des montagnes d'Éthiopie :
- Avec la fonte des neiges ...
Et ce du haut des montagnes du plateau d'Abyssinie (Ainsi va le Nil bleu et sa source au cœur de ses hautes montagnes dans le lac Tana et ce à 1 700 m d'altitude.)
- Et les pluies d'hivers ...
Régulières, dans la région des grands lacs, et ce à plusieurs milliers de kilomètres en amont de l'entrée du Nil, en Égypte. En fait tout cela aboutissait à un courant qui dévalait en direction de la mer, provoquant ainsi une crue bien impressionnante, salvatrice même, en cette terre noire de Kemet !
- Précipitations qui débutaient des tropiques vers la fin mai, déferlant ainsi en Égypte aux alentours de la fin du mois de juin, voir même début juillet.
- Des chuttes qui augmentaient en août afin de culminer en septembre.
L’importance de cette fantastique crue dépendait bien évidemment des précipitations tombant au niveau des montagnes d'Éthiopie, alimentant le Nil bleu et apportant le fameux limon, ...
La saison d'Akhet correspondait à l'inondation, de juin à octobre i.e. à cette montée des eaux des "Nil" (Le blanc comme le bleu).
Ainsi :
- Ce furent bien les cités de Haute-Égypte qui recevaient les premières nouvelles eaux, cette formidable arrivée, dont les nilomètres nous montrent encore de nos jours cette importance, celle que leur portait en tout cas nos ancêtres.
- Quant à la Basse-Égypte, elle en profitait bien évidemment aussi, nonobstant et bien logiquement du reste, assurément plus tard.
Et inéluctablement, arrivait ce qui devait, le jour de la décroissance :
- Elle se produisait aux premiers jours de l'automne,
- En cette saison importante de Peret (pr.t, du 16 novembre au 15 mars.) , celle corespondante aux semailles, et ce de novembre à février.
pr.t
Moins visible peut-être :
- Moment vital quant aux récoltes, de mars à juin.
- ...
Ainsi, en allait-il en cette terre bénite des netjerou(t), celle de pharaon.
Ainsi :
- L’arrivée des premiers signes du "déluge" devait se concrétiser par des eaux bien claires, peut-être pouvaient-elles d'ailleurs être un autre symbole, celle de la perte des eaux lors de la merveilleuse naissance d’un bébé.
- Puis, vint les eaux de couleurs rouges, celles chargées d’alluvions : les fameux ions ferrugineux de l'Atbara.
Aussi :
- Transposons-nous au début d'avril :
Et ce après avoir traversé Khartoum ...
Les eaux du Nil blanc étaient rejointes par celles limoneuses du Nil bleu : elles étaient devenues rouge en cette occasion !
- Puis s'annonçait juin / juillet :
Avec les eaux tumultueuses chargées de végétaux arrachés aux marais équatoriens ...
Elles arrivaient alors à Éléphantine. Le Nil donnait ainsi aux Égyptiens l'impression de se déverser sur Kemet.
- Adonc de juin à septembre :
Le fleuve montait, montait ... il montait.
- De 13 à 14 m et ce entre les berges resserrées de Haute-Égypte,
- Et de 7 à 8 m dans les vastes espaces du delta.
Et lorsque l'eau se retirait elle laissait une épaisse couche de limon. Sa fertilité était célèbre dans toute l'Antiquité au point que l'on ait dit de l'Égypte, qu'elle était la "fille du Nil".
Tout au long du mois de juillet …
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Plan de cette thématique ...
La prêtrise scrutait l’Iteru et plus spécifiquement le nilomètre lorsque celui-ci vit le jour. Et cela le fut effectivement et ce dans moult temples.
- Celui de Khnoum,
- ...
- De Satis. Et de là, les prêtres annonçaient la crue.
Une crue normale :
- H = 9 m à Assouan,
- Et 2 m au niveau du Delta. Certaines documentations semblaient mentionner d'ailleurs une hauteur souhaitée, idéalisée en quelque sorte et correspondant à seize coudées, soit 8 m environ. Pensaient-ils qu'Hâpy personnifiait l’apparition de la crue ? Avec seize enfants d’une coudée chacun : alors, au cours de la fête orgiaque, célébrée au début de l'inondation, on vit Hathor qualifiée de "Femme de seize (coudées)".
Très tôt ...
Les Hommes par leurs observations avisées utilisèrent ce que la nature pouvait leur procurer. Ainsi, les scribes devaient estimer la quantité probable des récoltes futures et ce par la connaissance qu’ils avaient sur l’intensité du niveau de l'eau relevé au sein du nilomètre gradué.
Et de ce fait ...
Aux alentours des années 3 000 B.C.E, nos anciens Égyptiens érigèrent des digues dans l’objectif de protéger leurs villages vis-à-vis de cette fameuse inondation. Mais certainement pas seulement pour cela, car déjà, ne réalisèrent-ils pas des rétentions d’eaux ?
- Afin de permettre d’élaborer un vaste réseau d'irrigation. Et vous l’aurez certainement compris, cela devait être un travail des plus pharaoniques !
- Creusement,
- Entretien des canaux,
- Drainage des zones marécageuses afin qu’ils deviennent cultivables : souvenez-vous du Fayoum par exemple.
- Surveillance,
- …
- Et que dire du travail des scribes, à travers notemment cette logistique qui devait y être certainement associée ?
Une administration puissante et très organisée ...
Une économie complète ...
Toutes celles-ci liées autour Nil et de sa gestion.
Cependant, les crues du fleuve finirent bien par être véritablement maîtrisées.
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Il faudra quand même attendre le fameux barrage d’Assouan, le 15 janvier 1971, jour de son inauguration, pour que le débit soit "maitrisé".
Soliloque :
Ne sommes-nous pas ainsi passé d’un état d’adulation quant aux divinités, à celui de déités nous-mêmes ?
Nos anciens Égyptiens n’avaient pas cette technologie, celle qui nous permet aujourd’hui de faire ce genre de superbes vues aériennes :
Le Nil comparé à la fameuse fleur de lotus :
- Le delta étant la fleur en elle-même,
- La tige comparée à la fameuse vallée du Nil,
- Sans omettre bien évidemment le Fayoum, pouvant représenter un bourgeon.
Le Nil et ses 10 000 km environ :
- La Sobat, affluent de 500 km du Nil Blanc ...
Dont les flots furent tamponnés par le lac Victoria. Son apogée se situait autour d’Octobre à Novembre, mais devait commencer en Mai et correspondait à environ 14 % des eaux du Nil.
Et la rencontre du Nil Blanc (5 000 km d’eau assez claire) ainsi que le bleu (3 000 km prenant origine au lac Tana, bien plus riche en limon) participait certainement pour l’essentiel et ce sur une période allant de Juillet à Octobre.
Et ses 1 000 km semblent quant à lui se mettre en crue autour de Juin jusqu’au mois d’Août.
Le Nil et le désert :
Fantastique : il traverse cet espace sur une longueur avoisinant les 2 700 km.
Le Nil est tellement bien maitrisé que la crue a définitivement disparue.
Cherchez l'erreur !
Et peut-être avec elle, l'esprit de notre netjer Hâpy :
- Le barrage gigantesque d'Assouan de l'Homme moderne en est bien la cause et ceci, entre autres, afin de produire de l'électricité !
- La crue a ainsi définitivement disparue en 1971 comme vous savez.
- ...
Les terres noires de Kemet se sont alors bien appauvries :
- Et si aujourd'hui elles se sont à nouveau enrichies, c'est bien en produits chimiques. Ce qui semble parfaitement logique puisque il faut bien compenser le manque d'alluvions. (Ce souci se rencontre aussi en Europe aujourd'hui. Nous avons perdues de vues certaines valeurs essentielles : paradoxalement les terres agricoles seraient "mortes" sans la chimie : GRRRRR.).
- De plus, il faut compter maintenant sur la montée des eaux salées de la Méditerranée.
- Les rivages sont attaqués,
- Des plages disparaissent,
- ...
Dans "La Mort de Philae", Pierre Loti, prix Nobel de littérature comme vous savez, exprimait son désespoir avec le tourrisme naissant :
"Aujourd'hui,
à cause du barrage établi par les Anglais,
l'eau a monté, monté,
ainsi qu'une marée qui ne redescendait plus ;
ce lac,
presque une petite mer,
remplace les méandres du fleuve
et
achève d'engloutir les îlots sacrés.
Le sanctuaire d'Isis
– qui trônait là depuis des millénaires au sommet d'une colline chargée de temples, de colonnades et de statues –
émerge encore à demi, seul
et
bientôt noyé lui-même."
Sans temple, sans prêtre …
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Plan de cette thématique ...
A la différence peut-être quant à la plupart des principaux netjerou(t), Hâpy, lui, ne semblait pas posséder de lieu d'adulation propre :
- Pas de temple,
- ...
- Pas de prêtrise à proprement parlé. Mais paradoxalement, il fut abondamment prié (On lui aurait même dédié des hymnes.).
Hapy n'avait donc ni temples ni prêtres se trouvant à son service parce qu'il était vénéré partout avec le crocodile Sobek, le bélier Khnoum, la grenouille Haqt et l'eau éternelle Noun.
Aussi voici une ode datée du Moyen Empire ...
Avec bien sûr cet esprit, celui vous l'aurez compris, du Nil : l' "Hymne à Hâpy". Nonobstant, ce dernier existait déjà dans les anciens Textes des Pyramides : sur des papyri, ostraca, etc. Cependant, nombreux furent écrits et même, étudiés, et ce au Nouvel Empire, au sein d'écoles Égyptiennes, des maisons de vie, ...
Et voici donc un petit extrait :
"[...]
Gonfle-toi, Hâpy,
Que l’on te fasse des offrandes,
Que l’on sacrifie pour toi des bœufs,
Que l’on accomplisse pour toi une hécatombe,
que l’on gave pour toi des volailles,
Que l’on capture pour toi les lions du désert,
Que l’on te rende tes bienfaits,
Que l’on fasse des offrandes à tous les dieux.
[...] "
Bernard Mathieu.
Études de métrique égyptienne. II.
Contraintes métriques et production textuelle dans l’Hymne à la Crue du Nil.
RdE 41, 1990, pages 127 à 141.
Et que dire des périodes chaotiques suite à cette "colère" :
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Plan de cette thématique ...
- Celle d'Osiris,
- ...
- Mais également de Hâpy ...
Voici bien un netjer dont la colère, le mécontentement pouvait fort bien provoquer la famine, voir même la "ruine" au sein de Kemet.
Ainsi ...
Afin que ce fleuve puisse "rester" une source de prospérité, nos anciens se devaient de le maîtriser. En amont, comme en aval d'ailleurs et Kemet ne pouvait être puissante que si elle était unie et dirigée par un seul souverain : il fallait de fait que l'Iteru puisse garder sa fonction salutaire et bénéfique, ...
A chaque "éclatement", à chaque "rupture" quant à l'harmonie, celle de la maât notamment, ... s'en suivait :
Des Périodes sombres, chaotiques dénommées "Intermédiaires".
Elles ne manqueront d'ailleurs pas dans cette grande et longue Histoire égyptienne. Elles commencèrent souvent en raison de la colère d’Hâpy, et semblaient se succéder. Cela pouvait parfaitement être le fait, entre autres, de cette méconnaissance des origines véritables du fleuve.
Et que d'énergie, celle que vouèrent nos anciens autour de leur grand fleuve :
- Ainsi, les chercheurs ont découvert les plus anciens actes d'hydrologie et ce dans le but de domestiquer le Nil , nous sommes avec cette tête de la massue fragmentaire du roi Scorpion.
- Et que dire alors de ce nilomètre ? (Même si du reste, ils furent bien tardifs, comme déjà mentionné.) : ils servaient de prévisions (Celle du degré de la puissance des flots infligée par le netjer Hâpy), pour les impôts (Eh oui, il en était déjà question.), ...
Nilomètre de l'île d'Elephantine.
©
Les nilomètres furent rattachés à un temple, au bord du Nil bien entendu.
Ils furent formés :
- D’une descenderie …
- D’un escalier … Ainsi le niveau de l’eau du Nil, celle aussi d’une nappe phréatique, ..., devait atteindre une sorte d’échelle graduée en coudées. Le volume des eaux, l'importance de la crue, ..., tous ceci permirent de connaître et de déduire notamment la fiscalité agricole.
Ainsi, Sésostris I nous apprends qu’au niveau de son règne, l'enregistrement officiel comportait trois régions :
- Éléphantine,
- Région memphite,
- Et le Delta central.
© Christos Nüssli, Euratlas.
Source
Le nilomètre de Syène sur l’île d’Éléphantine : Haute-Égypte.
En 25 ou 24 B.C.E, le géographe grec Strabon voyagea le long du Nil en Égypte, accompagnant le préfet romain Ælius Gallus.
Yéb (3bw)-Elephantine Island during the II century CE.
With the Great Temple of the God Khnum and the Temple of the Goddess Sati (Sṯjt)
Dave Robbins
"Le nilomètre est un puits
construit en pierres bien équarries
dans lequel sont faites
des marques indiquant les crues du Nil,
car l’eau dans le puits
monte
et
s’abaisse
avec celle du fleuve.
[...]"
(Strabon, Voyage en Égypte, XVII, 1. à propos du nilomètre de Syène).
© Hubert Douilly
Temple de Kom Ombo.
Source
Lien d'un "montage passionnant"
Le nilomètre.
Kalabsha.
Source
Médinet Abou.
Le temple de Ramsès III.
Source
A Louxor.
Source
Même Aton faisait référence à Hâpy : le Nil fut assimilé à la pluie.
"Tout pays étranger,
si loin soit-il,
tu le fais vivre aussi.
Tu as placé un Nil dans le ciel qui descend pour eux.
Il forme les courants d’eau sur les montagnes
comme la mer pour arroser leurs champs et leurs territoires.
Un Nil dans le ciel,
c’est le don que tu as fait aux étrangers "
L'Iteru, essentiel à la vie matérielle, mais pas seulement.
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Plan de cette thématique ...
Ainsi, le Nil était bien un vecteur primordial pour :
- Le transport d’Hommes, de bétails, de matériaux, etc.
- La chasse quant à ses bordures boisées,
- La pêche,
- La communication,
- Et comme vous savez, Hâpy irriguait les prairies sur lesquelles paissaient les troupeaux ... De ce fait, l'opulence relative de Kemet ne fut certainement envisageable que si le Nil atteignait un niveau suffisant, l’optimum se situait à 16 coudées (Ni trop, ni trop peu). Les oasis ne furent d'ailleurs pas oubliées malgré leur situation géographique : notre netjer ne les allaitait-il pas avec la rosée céleste ?
Le transport comme la communication inter-régionale fut ainsi bien plus rapide vis-à-vis des voies terrestres : souvenez-vous des ânes notamment.
Nonobstant ...
L'Iteru fut bien plus que cela ...
En participant évidemment à l'évolution spirituelle de nos anciens. Il était bien omniprésent dans le rituel précédant la construction d’un édifice. La première brique fut façonnée à l’aide de l’eau du Nil ainsi que son limon : désire d'abondance et de prospérité pour le lieu et le netjer devant y résider.
Ainsi quand deux Hâpy liaient le Sema-Taouy.
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Plan de cette thématique ...
Les netjerou du Nil nouaient le nœud Sema-Taouy.
Symbole d’unification de la Haute et de la Basse-Égypte.
Source
Voici donc ce netjer, comme vous voyez sous cette forme duale.
Le Nil du nord, à droite, "Hap-Meht" / le Lys de la Haute-Egypte.
Le Nil du sud, à gauche, le papyrus de la Basse-Egypte / "Hap-Reset".
© Extrait de l'ouvrage de Wallis Budge.
Gods of the Égyptians.
Voici la manière qu' "Hâpy" serrait fermement un nœud unissant les plantes "héraldiques" de l'Égypte à savoir le lys et le papyrus :
Abou Simbel et le temple de Ramses II.
© Guillaume Blanchard.
Et comme vous savez :
Les souverains Kémites
portaient le qualificatif de
"Roi de Haute et de Basse-Égypte".
Nous sommes maintenant sur le côté gauche de l'entrée du grand temple d'Abou Simbel.
© Rémih
Vous aurez bien remarqué que les deux Hâpy visibles ici sont occupés à lier le fameux Sema Taouy. L'inondation fut donc garante de l'unité du pays.
Or ...
Le maintien de l'unité du pays fut bien un rôle essentiel de pharaon, dont le cartouche surplombe la scène que vous pouvez admirer ci-dessus.
Le "séma-taouy" fut un symbole très fort, s'il en est un, de cette union (sema) (la trachée et les poumons) et ce des deux terres (taouy), i.e. l'union de la Haute et de la Basse-Égypte.
Les souverains portaient ainsi le qualificatif de "Roi de Haute et Basse-Égypte".
Le premier à rendre hommage au netjer fut bien sûr pharaon et cela est même attesté dès les temps les plus anciens.
Voici, ci-dessus, un bas-relief, nous pouvons l'observer sur les parois du temple de Medinet-Habou, non loin de Thèbes, mettant ainsi en scène Ramsès III adorant Hâpy.
- Le pharaon fut debout,
- Levant les mains,
- Il implorait le netjer comme vous pouvez le constater. Nonobstant, et chose plutôt rare selon moi, il est représenté assis et il n'y a pas de plateaux d'offrandes dans ses mains.
- Mais des croix de vie : un véritable symbole.
- Et que dire de cette autre scène de moissons, derrière pharaon. Ramsès implorait donc Hâpy afin qu'il apporte la vie à l'Égypte, en assurant bien évidemment à pharaon une bonne inondation.
Au-delà d'une moisson généreuse, Hâpy contribuait à un grand règne.
Voici donc des divinités qui représentaient Héliopolis ainsi que Memphis. Elles portaient des offrandes.
Provenance : hypogée KV11, "La Tombe des harpistes" / Ramsès III ...
Hypogée étudié la toute première fois par le voyageur écossais James Bruce en 1768. Ce fut lui qui baptisa cet endroit la "tombe des harpistes".
Cette logique fut tirée du fait qu'il y découvrit un formidable bas-relief qui représentait deux harpistes aveugles.
© lien
A gauche → le netjer Hâpy. Il devait symboliser la crue du Nil. Il semble tenir dans une de ses mains les côtes d'une feuille de palmier : signifiant "année", symbole s'il en est de l'inondation annuelle.
A droite → le netjer de la fécondité. Il étendait ses mains apparemment au-dessus de deux lacs.
Le rôle d'un bon souverain, prévoir le débit de l'inondation, faire des réserves de grains ...
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Plan de cette thématique ...
Efectivement :
- Gérer, c'est prévoir.
- Et comme vous l'imaginez fort bien, pharaon était responsable quant à la gestion des réserves de grains et ce afin de pallier les pertes d'une mauvaise crue.
Souvenez à cet effet de Séthi I, de cette stèle retrouvée près de la première cataracte, gravée en l'an 9 de son règne.
Pharaon fut alors loué pour ses qualités de bon gestionnaire des stocks :
"C'est lui qui emplit les magasins,
élargit les greniers,
donne des biens à celui qui en est dépourvu
[…].
C'est lui qui cultive l'épeautre,
l'Aimé du blé et le Seigneur du pain
[…] :
le pays entier est dans l'allégresse à cause des nourritures qu'il prodigue."
Étant donné la crue et ses caprice, nous comprenons bien mieux la nécessité d'une organisation à l'échelle de l'État. Rentabiliser au mieux les terres cultivables et répartir judicieusement les provisions de blé. Éviter les famines, éviter le chaos, comme les aléas liés à la Première Période Intermédiaire notamment, ...
Alors, à suivre ...
Et j'espère que vous avez pris autant de plaisir à lire mes textes que j'en ai eu à vous les écrire.
Le 18 Juillet de chaque année, Sepedet annonçait l'oupèt renpèt".
Hapy fut donc le nom donné au Nil lors de la crue.
Générant, quand elle fut arrivée, la "belle fête d'Opet" : heb nefer en Ipet.
Afin d'en connaître davantage, je vous invite à consulter :
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Plan de cette thématique ...
Cependant "attention" !
A ne pas confondre ce netjer avec le légendaire Hâpi / Hâpy ! Ce dernier était l'un des quatre fils d'Horus chargés de la protection des vases canopes où, comme vous savez, étaient déposés les viscères des défunts ! Cet Hapy là, était donc préposé à la protection des poumons !
Collection "Passion de l'Égypte" Editions Atlas 2003.
Bernard Mathieu.
L'hymne au Nil, traduction 1990, 137 à 141.
Emily Teeter.
Religion and ritual in ancient Egypt, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2011.
Claude Traunecker.
Les Dieux de l'Égypte, PUF, 1970, 1991/2/3, 1996, 2001 et Mai 2005 - En Anglais, Avec David Lorton, The gods of Egypt, Cornell University Press, 2001.
Pascal Vernus et Erich Lessing,
Les Dieux de l'Égypte, Imprimerie Nationale, Paris, Octobre 1998 - En Anglais, Traduction Jane M.Todd, The gods of ancient Egypt, George Braziller, 1998.
Richard H.Wilkinson.
The complete gods and godde, es of ancient egypt, Thames and Hudson, New York, Mars 2003 et Septembre 2005 -
En Espagnol, Todos los dioses del Antiguo Egipto, Oberön, Madrid, 2003 et Juin 2004 -
En Allemand, Die welt der götter im alten Ägypten : Glaube, macht, mythologie, Theiss, cop. Stuttgart, Septembre 2003 -
En Français, Dictionnaire illustré des Dieux et Déesses de l’Égypte ancienne, Gollion, Infolio, Novembre 2006.
Aussi :
Il est temps de prendre soin de vous !
Fils de Râ, seigneur des Deux Terres, Aimé, doué de vie, comme Râ, à jamais.